mercredi 11 décembre 2013

ENA-Inet : non à la fusion, oui à l'enrichissement mutuel de la formation pour le service public!

«La Gazette » a relayé le débat sur le rapprochement ENA-Inet, voire la fusion, comme une évidence pour réaliser des économies dans un contexte de contrainte sur les finances publiques ou pour faciliter les mobilités inter – fonction publique des cadres dirigeants.
Les élèves des deux écoles n’ont pas été associés à ces débats, pourtant nous sommes les premiers concernés. D’abord parce que, depuis l’implantation de l’ENA et l’Inet à Strasbourg, un module commun important nous conduit à passer du temps en formation ensemble. Ensuite en raison d’enjeux plus larges : aujourd’hui sont menées conjointement une réforme de la décentralisation et une nouvelle phase de la modernisation de l’appareil d’Etat, coordonnées depuis un même ministère.
Ces réformes appellent de nouvelles formes de collaboration dans la mise en œuvre des politiques publiques, aux niveaux national et territorial, et l’approfondissement de la formation commune des cadres dirigeants de l’Etat et des collectivités peut y contribuer.
Socle commun de connaissances - Il ne s’agit pas de s’exprimer sur le devenir des deux institutions, sur des réformes relevant du choix du législateur ou de l’exécutif (concours, modalités de recrutement ou d’affectation en sortie de formation…), mais sur les contenus et le déroulement de la partie commune de notre formation.
Le module « territoires » comprend plus d’un mois de formation en plusieurs séquences. Il vise à développer une connaissance réciproque, une approche commune des valeurs du service public, mais aussi les aptitudes à la conduite de projets communs pour l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation de l’action publique territorialisée.
Il vise aussi à doter les élèves d’un socle commun de connaissances professionnelles. Plusieurs contenus déclinent ces objectifs : administration comparée de l’Etat et des collectivités (conférences, tables rondes) ; dialogue social (conférences et cas pratiques) ; gestion de crise et « media training » (mises en situation).
Les modalités pédagogiques des deux écoles demeurent, cependant, différentes. A l’ENA, ce module participe de l’organisation d’épreuves qui comptent pour le classement de sortie. A l’Inet, l’évaluation continue des élèves relève de rencontres régulières avec un « conseil de professionnalisation » s’appuyant essentiellement sur les productions des élèves lors de stages en collectivité. Nous ne remettons pas en question les objectifs affichés, mais proposons de compléter cette formation et d’adapter certaines modalités pédagogiques.
Projets collectifs partagés - Pour une approche commune des valeurs du service public, nous proposons de renforcer des apports de connaissances sur les métiers et carrières, par des stages obligatoires en collectivité pour les élèves de l’ENA et dans les services de l’Etat pour ceux de l’Inet, avec une commande commune.
Pour développer les aptitudes à la conduite de projets communs, nous proposons que les mises en situation et cas pratiques ne soient plus calqués sur une épreuve notée à l’ENA. Ils seraient revus pour mieux refléter des situations professionnelles.
Pour compléter cette approche, la conduite de « projets collectifs » communs (réalisation d’une mission pour une collectivité ou un service) pourrait être expérimentée. Ces missions existent déjà à l’Inet.
Pour doter les élèves d’un socle commun de connaissances professionnelles, le volet « politiques publiques » du module « territoires » gagnerait en cohérence en couvrant les champs de politiques publiques où interviennent l’Etat et les collectivités en partenariat : éducation, formation, accès à l’emploi, culture, etc.
Il pourrait être complété d’une approche par les domaines transversaux à la conduite des politiques publiques que sont le management et la gestion des ressources (humaines, financières). Pour renforcer les collaborations, les groupes de travail d’élèves de l’Inet pourraient s’ouvrir à ceux de l’ENA, et les délégués de promotion coordonneraient dès le départ leur action.
Par ailleurs, la production d’études communes pour des commanditaires publics donnerait de la visibilité à une collaboration concrète. Pourquoi ne pas aller jusqu’à la création d’une revue commune ENA-Inet, aux contenus produits par les élèves, à la ligne éditoriale validée par les deux institutions et dont la publication bénéficierait de leur soutien ?
Enfin, l’association de représentants des élèves au suivi et à l’évaluation de la mise en œuvre de la convention commune entre les deux écoles serait une bonne pratique de gouvernance. Non à la fusion, oui à l’enrichissement mutuel de la formation pour le service public !

Source: lagazettedescommunes.com

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